Africa-Otherwise - L'Afrique Autrement

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Benin dans la perspective 2016: Abdoulaye Bio Tchané, Président de l?Alliance Abt déclare « Je suis déterminé à tout mettre en ?uvre pour le développement du Bénin et l?épanouissement de sa population »

Il est considéré comme l’un des plus brillants économistes de sa génération. Ancien cadre de la Bceao, ministre de l’Economie et des finances (1998-2002), Directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (Fmi) (2002-2008), Président de la Banque ouest africaine de développement (Boad) (2008-2011), Abdoulaye Bio Tchané aura occupé les plus hautes fonctions auxquelles un cadre de son rang peut aspirer. Mais quand on a du potentiel à en revendre on ne s’arrête pas en si bon chemin. Abdoulaye Bio Tchané sait que le silence et l’inaction des gens capables de faire la différence, d’agir dans le bon sens est une sorte de lâcheté pour ne pas dire un crime. « Il n’est aucun problème politique qui ne puisse se résoudre par l’inaction », disait Henri Queuille. Le Président de l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt), ne veut pas se contenter d’une retraite dorée et certainement méritée. Très sollicité à l’extérieur par le biais de son Cabinet de consulting international, Alindaou, l’ancien Argentier de l’Etat béninois sait pertinemment que la nature a horreur du vide. Il n’est pas question de rater le coche des grandes joutes électorales prochaines. 2011 est loin déjà, mais riche en enseignements et diverses leçons à tirer pour atteindre le but, se remettre en ordre de bataille et mettre toutes les chances de son côté. Mais, Abdoulaye Bio Tchané ne parle pas beaucoup comme le disent certains, il ne réagit pas promptement sur les questions brûlantes de l’actualité se plaignent d’autres. Et c’est vrai, que l’on ne l’a pas beaucoup entendu ces derniers temps. Néanmoins, tactiquement plus présent sur les réseaux sociaux que dans les médias classiques, Abt n’en demeure pas moins sérieusement actif sur le terrain. Et sur l’invitation de l’équipe de votre Quotidien « Matin Libre », il a accepté depuis le quartier général de son Alliance sis à Guinkomey-Cotonou, de parler de ses activités et de l’actualité politique nationale. Lisez plutôt.

 

Entretien réalisé par Djamila IDRISSOU SOULER et Maximin TCHIBOZO

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Abdoulaye Bio Tchané - Président de l'Alliance ABT

 

Elections présidentielles 2011 : Une élection à laquelle vous n’auriez pas dû vous présenter ? Certains ont dit que vous êtes venus trop tard. La meilleure occasion que vous avez manquée était 2006.

Je ne peux pas tout à faire dire oui et je ne peux pas tout à fait dire non. Certains m’ont dit tu es venu trop tôt et d’autres, tu es venu trop tard. Non, je crois qu’en 2011, il fallait faire ce combat. C’était un engagement patriotique auquel je ne devais pas déroger. Einstein le célèbre chercheur disait : « le monde est dangereux à vivre! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». J’ai pensé que l’état du pays en ce moment là justifiait largement ma présence et que je ne pouvais dire que la situation du Bénin ne me regardait pas. Vous savez, je suis admiratif de Martin Luther King dont le combat aux Etats-Unis aura été déterminant pour la sauvegarde de la cohésion de la Nation américaine. Je reste aussi admiratif de nos grands héros qui, au milieu des armes du colonisateur ont entrainé notre peuple à la résistance, malgré les maigres moyens dont ils disposaient. Béhanzin, Kaba, Bio Guéra, ce ne sont pas seulement des noms, ce sont des personnes qui ont accepté le sacrifice pour que le Bénin d’aujourd’hui existe et prospère. En 2011, vous vous rappelez très bien que j’avais choisi de démissionner de la tête de la Boad pour répondre aux cris de détresse de milliers de Béninois désireux de voir gouverner le pays autrement. Pendant que je vous parle, je ne peux pas ne pas me rappeler tous ces hommes et femmes, et ces jeunes qui ont massivement sollicité ma candidature. J’ai senti là l’appel de la patrie. Je voulais faire ce combat parce qu’en tant que Béninois et Béninois tout court, je me sens redevable de ce pays. Ç’aurait été comme refuser de suivre les pas de Béhanzin, de Kaba et Bio Guéra. Face à la détresse nationale, j’ai choisi de faire ma part du combat. Cela étant, 2011 est passée, d’autres combats sont en vue et je ferais également ma part dans ces combats-là.

 

Depuis 3 ans vous êtes assez actif au sein de votre Cabinet de consultation Alindaou consulting. Comment est venue l’idée du cabinet ? Est-ce une sorte de consolation ?

 

L’idée du cabinet est venue naturellement. Toute ma vie, j’ai parlé du développement, j’ai aidé beaucoup de pays à concevoir et à mettre en œuvre des programmes de développement dans un cadre officiel. J’ai aussi participé à la réflexion stratégique sur les grands enjeux de notre continent. Cela a duré au moins trente bonnes années. Une fois revenu au pays, j’ai senti que je pouvais encore continuer tout en poursuivant le rêve qui est le mien, c’est-à-dire relever mon pays, relever ce que j’allais appeler « mon Bénin », dans le sens affectif et filial du terme. C’est ainsi que de fil en aiguille, j’ai été amené à créer Alindaou Consulting International qui est un cabinet de conseil aux gouvernements et aux entreprises. Le fait que des gouvernements et des entreprises m’écoutent prouve la pertinence de cette décision. Ce n’est donc pas une consolation, c’est la continuité dans ce que je sais faire le mieux : aider un pays ou une institution à prospérer. Mais je ne fais pas que cela, je continue de participer gracieusement à des réflexions sur notre continent. Par exemple, sous la direction de Mr Thabo Mbeki, l’ancien président de l’Afrique du Sud nous travaillons sur la question des transferts illicites hors d’Afrique. C’est un sujet important pour le continent et même pour un pays comme le Bénin.

 

Et la Fondation Cœur à cœur, quelles sont ses principales activités et quel but poursuit-elle ?

 

Vous savez, la Fondation Cœur à Cœur, je l’ai lancée en 2013 à Paris au moment où beaucoup de Béninois croyaient qu’il était impossible de créer un pont entre nos frères et sœurs de la diaspora et ceux qui sont restés au pays, pour réaliser des projets communs et d’envergure au service des plus pauvres. Il y a là deux défis. Premièrement, le défi social (rendre service aux plus pauvres) et le défi culturel, je dirais patriotique, faire en sorte que les Béninois de la diaspora contribuent réellement à des projets qu’ils ont identifiés pour aider leurs frères et leurs sœurs ou leurs parents restés au pays. Une autre façon de résumer le concept de la Fondation, c’est de dire que les Béninois aident les Béninois (Bab). La Fondation a déjà mené beaucoup d’activités de soutien aux jeunes diplômés, notamment à travers l’installation des Centres Diaspora que vous pouvez retrouver à Porto-Novo et Djougou. Ces centres permettront aux jeunes disposant de qualifications professionnelles avérées d’ouvrir leur premier atelier et d’y recevoir leurs premiers clients, sans disposer du capital pour investir dans ces équipements. Elle met en place actuellement, cinq forages dans le département des Collines, dans des communes comme Savalou, Glazoué, Ouèssè et Bantè. Ce sont des communes dont les habitants eux-mêmes nous ont fait part de leurs besoins, notamment de sérieux problèmes d’eau potable. Nous les accompagnons et je souhaite que nous allions plus loin.

 

Mais la politique n’est pas loin. Est-ce que toutes ces activités ne sont pas un peu comme des prétextes, pour ne pas totalement disparaître de la scène publique ?

 

Vous savez, je suis venu notamment à l’élection sous l’angle du développement. Ce qui m’a préoccupé, ce qui m’a amené dans ce combat, c’est de voir d’une part, le potentiel énorme de notre pays et de l’autre côté, les conditions dans lesquelles vivent nos compatriotes. C’est simple, la pauvreté continue d’augmenter dans notre pays, alors même que nous avons un potentiel et que nous sommes entourés de pays qui prospèrent. Et mon idée, c’est de fermer ce gap-là, faire en sorte que nos compatriotes puissent avoir un espoir. Quand on parle de prospérité, c’est de cela qu’il s’agit. Vous l’ignorez peut-être mais en 2000, bien avant que je ne poursuive des ambitions politiques, j’ai créé Donga Woman, un organisme de micro finance pour venir en aide aux femmes. J’ai choisi de commencer en aidant les femmes car, elles sont le moteur de notre économie et ce sont elles qui nourrissent nos enfants. C’est dire que très tôt, le bien-être des populations a toujours été une préoccupation pour moi. Naturellement, ma place sur l’échiquier politique aujourd’hui fait que toute action que j’entreprends est toujours analysée comme étant motivée par la Politique. C’est peut-être le prix à payer !

 

Vous avez donné une communication à Parakou, il y a quelques semaines, ou vous parliez de l’agriculture. Quelles sont les approches nouvelles que vous proposez pour révolutionner ce secteur important de l’économie de notre pays ?

 

Mon approche est basée sur des constats simples. Le premier, c’est que l’agriculture béninoise donne des rendements qui n’ont pas vraiment évolué depuis notre indépendance. Vous le savez, sans doute, les rendements du coton à l’hectare sont demeurés presqu’au même niveau qu’en 1960. Ce n’est pas normal. Nous avons des ressources pour améliorer nos rendements, en nous appuyant sur la recherche, la formation des encadreurs ruraux et la modernisation de notre agriculture. Moderniser, ce n’est pas seulement distribuer des tracteurs dans les villages. C’est d’abord former les acteurs du secteur et utiliser des moyens techniques qui correspondent aux besoins de nos agriculteurs.


Le deuxième constat, c’est que les activités agricoles sont très pénibles. Or en même temps, c’est le secteur agricole qui est le plus gros pourvoyeur d’emplois au Bénin, comme d’ailleurs dans la plupart de nos Etats africains. Mon idée est de rendre l’agriculture attrayante pour les jeunes en réduisant la pénibilité. S’ils trouvent dans les activités rurales les moyens de leur propre épanouissement, ils ne chercheront plus à se déverser dans les villes pour se livrer à de petits métiers.


Troisième constat, pour faire tout cela, il faut bien de l’argent. Car malheureusement, pour rentabiliser une exploitation agricole, il faut des investissements qui ne sont pas toujours disponibles. L’Etat doit à cet effet mettre à disposition 45 milliards supplémentaires de FCFA par rapport à ce qui est fait aujourd’hui, pour réaliser réellement la modernisation que nous souhaitons. Ceci revient à investir dans le secteur un minimum de 100 milliards de FCFA. Mais il nous faut créer en toute urgence un Fonds national pour l’agriculture dont le but est de financer le secteur pour en faire un secteur attractif et performant. Lorsqu’un jeune par exemple choisit d’aller à l’agriculture, le jeune peut bénéficier de son appui pour faire par exemple de l’irrigation. Voilà une proposition par exemple qui aura un impact direct sur l’attractivité du secteur.

Pensez-vous que le gouvernement actuel fasse abstraction de ces différentes solutions ?

 

Ecoutez, je constate simplement que les résultats ne sont pas là et comme les résultats ne sont pas là, je veux être confronté aux faits. Je ne veux pas faire un procès d’intention aux gens et dire : ils y ont pensé, ils n’y ont pas pensé. Si j’étais assis avec eux, comme je l’ai suggéré d’ailleurs il y a quelques années, depuis 2011 je parle d’une Conférence économique nationale. Et l’idée derrière cette Conférence, c’est dire voyons les problèmes auxquels notre économie est confrontée et à partir de ce moment, laissons les gens proposer des solutions. Chacun de nous, a une idée précise de comment ça peut marcher dans notre pays : les agriculteurs, les artisans, les commerçants. Faites asseoir les gens et vous verrez qu’à la fin, vous allez faire émerger les idées importantes et après, ce sera plus facile à mettre en œuvre. Le résultat de la politique actuelle et ses conséquences sur le monde rural sont ce que je souhaite corriger. Vous savez, ces idées je les ai depuis longtemps et j’aurais pu les partager avec le gouvernement actuel si ma proposition d’organiser une Conférence économique avait été retenue.

 

Dans cette même communication, vous avez évoqué la nécessité d’impliquer les opérateurs économiques, une autre des solutions clés selon vous ?

 

Nous avons fait la preuve que l’Etat est défaillant, dans les domaines de la production et de la commercialisation. Dans l’agriculture, nous en avons fait la preuve. Mais dans d’autres domaines aussi. Rappelez-vous toutes les sociétés d’Etat qui ont été créées pendant la période révolutionnaire. On a bien fait un bilan de tout ça avant de supprimer ou de privatiser un bon nombre de sociétés. On ne va pas retourner à ces solutions-là qui ont échoué. C’est ce que nous sommes en train de voir aujourd’hui. Et c’est pour ça je dis, continuons ce que nous avons commencé en 1990 en disant, nous allons libéraliser notre économie. Mais, on a aussi la preuve que le libéralisme à tout frein n’est pas ce qu’il faut faire. Il faut un certain contrôle de l’Etat. Il faut que l’Etat reste dans le domaine du contrôle, de la définition de la stratégie pour tout le pays, mais aussi du contrôle a posteriori. Mais, pas dans les domaines de la production et de la commercialisation. Il faut laisser le secteur privé prendre encore plus cette place-là.

 

Vous voyagez beaucoup aussi. Est-ce dans le cadre des activités de la Fondation, du Cabinet ou, comme certains le murmurent, pour prendre des appuis et des contacts en vue de la présidentielle de 2016 ?

 

Je voyage beaucoup dans le cadre de mon Cabinet Alindaou consulting. Je suis invité à gauche et à droite pour donner des conseils. Je vous ai dit que je suis membre de la Commission africaine présidée par Thabo Mbeki qui s’occupe des transferts illégaux de ressources hors d’Afrique. Dans ce cadre, j’ai effectué des voyages à peu près une fois par trimestre. Par ailleurs, dans quelques jours je pars à Bruxelles, pour aller défendre mes idées sur l’émergence de l’Afrique, lors de la première édition de Rebranding Africa. Mais, je voyage aussi surtout à l’intérieur du pays. C’est un plaisir que je partage avec mon équipe puisque cela nous permet de découvrir les réalités du terrain dans toutes leurs dimensions. Surtout, cela nous permet d’être à l’écoute des besoins de nos compatriotes. Ce sont des exercices d’immersion qui valent la peine d’être faits. Car bien souvent, vous avez l’impression que les solutions sont à portée de main et qu’il suffisait d’écouter les gens pour s’en rendre compte.

 

La Boad, le Fmi, tout ça est bien loin. Cela ne vous manque-t-il pas parfois, de diriger une institution aussi importante avec autant de responsabilités et pouvant impacter la vie de populations dans de nombreux pays ?

 

Je ne suis pas nostalgique du passé. Il faut évoluer dans la vie, surtout quand on a pris la décision d’y aller soi-même. J’ai aimé les défis en ce moment là, c’est ce que je voulais réaliser pour la communauté internationale et pour l’Afrique. Ça m’a passionné pendant cette période. J’ai tourné cette page et j’y ai laissé de nombreux amis et des résultats édifiants. Aujourd’hui, ce qui me passionne, c’est le Bénin. J’ai bon espoir que l’expérience additionnelle que j’ai cumulée à travers les activités du Cabinet me servira, me sert déjà au Bénin. Je veux me consacrer à mon Pays et je suis déterminé à tout mettre en œuvre pour son développement et l’épanouissement de sa population.

 

Depuis quelques semaines, l’actualité du pays est animée par la non-organisation des élections à bonne date. Que pensez-vous de ça ?

 

D’abord, permettez-moi de rappeler que je suis un fervent partisan d’une Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Je tiens à le dire, parce que c’est un instrument qui introduit la transparence dans le système électoral et permet aussi de réduire le coût, bien sûr si c’est fait dans les règles de l’art. En particulier si toutes les parties prenantes sont autour de la table au moment de l’élaboration de cette liste électorale. C’est pour cela que mon alliance et moi, avons toujours soutenu l’élaboration de la Lépi et les corrections qui étaient indispensables après ce qu’on peut considérer comme un scandale à l’occasion des élections de 2011.
Cela étant, nous sommes aujourd’hui dans une situation qui est difficile, puisque les élections communales qui devaient être organisées depuis 2 ans n’ont pas été faites et que nous ne savons pas ce qui va se passer pour les élections législatives de 2015.
Il y a une confusion sur les communales et j’attends la position définitive du gouvernement pour en dire plus. Mais ce qui se passe est dangereux car nous avons à faire désormais à des maires et des conseils communaux contestés. Il faut en finir le plus tôt possible.
Après, il y a une Ligne Rouge pour nous tous !
Il faut que tous ceux qui sont impliqués dans le processus électoral (qu’il s’agisse du Cos/Lépi, de la Cena et bien sûr du gouvernement qui a une lourde responsabilité dans ce dossier), prennent les mesures indispensables pour :
%u25BA qu’à l’horizon de 2015 les élections législatives pour lesquelles les députés ont un mandat IMPÉRATIF, se tiennent à bonne date
%u25BA et que bien sûr en 2016, les élections présidentielles se tiennent également à bonne date.
Les Béninois ne comprendraient pas et n’ont aucune raison de comprendre que ces élections-là, législatives et présidentielles ne se passent pas comme la Constitution le requiert.

 

Sur la page d’accueil du site internet de l’Alliance Abt, on peut lire : « Nous avons la solution, nous sommes la solution ». La solution à quoi ?

 

Nous avons la solution à nos problèmes. Nos problèmes sont actuels. Ce n’est pas en 2016 que nous aurons ces problèmes. Ils sont là aujourd’hui. Je prends banalement le problème de l’électricité. Et, je dis, cinq ans après 2016, nous allons résoudre les problèmes d’énergie électriques au Bénin. J’aurais pu dire aujourd’hui, si j’étais là dans 5 ans nous allons résoudre les problèmes d’électricité au Bénin. Mais je ne suis pas là. Les problèmes d’électricité sont courants et je dis dans cinq ans, on peut les résoudre. Quand je dis ça, je dis j’ai la solution à ce problème. Voilà l’explication.

 

Quels sont vos challenges aujourd’hui ?

 

Mon défi le plus important est de convaincre les Béninois que nous pouvons y arriver par nous-mêmes. Vous savez, il y en a beaucoup qui ont baissé les bras et qui se disent on n’a pas de perspective, on ne va pas s’en sortir. Il y a une crise internationale, il y a une crise régionale, une crise de sécurité. Dans notre pays, c’est encore pire sur le plan économique. Est-ce qu’on va s’en sortir ? Alors, ce dont je veux convaincre nos compatriotes, c’est que bien sûr on peut s’en sortir. C’est surtout dire aux jeunes que ce n’est pas une fatalité cette situation où on n’a pas de travail ; je veux convaincre aussi les femmes que la marginalisation économique à laquelle elles sont en majorité confrontées, n’est pas non plus une fatalité. On peut s’en sortir, on peut avoir une situation différente. En tout cas moi, je veux y travailler et j’y travaille déjà avec un certain nombre d’amis, de camarades et de sympathisants. En outre, le challenge c’est également de faire comprendre à mes concitoyens que peu importe notre religion, notre ethnie ou situation géographique nous sommes tout simplement des Béninois et devant Dieu des frères.

 

Et la vie familiale dans tout ça ?

 

Elle est au cœur de tout ce que je fais. J’ai la chance de venir d’une large famille qui s’étend du Sud au Nord et je sais en profiter.

 

Vous êtes grand père depuis peu. Et c’est étrange, mais on ne vous voit pas tellement en pépé gâteux, jouant avec bébé, courant partout derrière lui dans la maison… (sourire)


Je vais vous surprendre. Mon petit-fils est un ami à moi, et un bon ami en plus. Nous nous amusons beaucoup ensemble et on s’entend bien, d’autant d’ailleurs qu’il a le même prénom que son grand-père…

 

Quelles sont les lectures, musiques et films qui vous ont le plus marqués ?

 

L’un des ouvrages que j’ai le plus appréciés dans ma vie, c’est « Kondo le requin » de notre compatriote Jean Pliya. Il évoque l'histoire de la résistance du roi Béhanzin devant la puissance coloniale. Pour les lycéens de ma génération, c’est aussi le souvenir des premières pièces de théâtre au musée ethnographique de Porto Novo.
Je ne suis plus aussi cinéphile que cela. Mais, je dois avouer que j’ai particulièrement aimé Africa Paradise du réalisateur béninois Sylvestre Amoussou. J’aime cette Afrique dont il rêve avec nous, l’Afrique qui se développe, et l’Afrique qui un jour pas lointain sera la terre d’asile du monde.
Côté musique, disons que j’ai des goûts plutôt éclectiques. J’aime le jazz moderne, la musique classique et bien sûr la musique africaine.

 

Votre citation favorite

 

Nelson Mandela : « La pauvreté n'est pas naturelle. C'est l'homme qui la crée et elle peut être vaincue. »

 

Où et comment souhaiteriez-vous vivre votre retraite ?

 

Je ne pense pas à la retraite. Car la retraite pour moi, doit être une nouvelle vie active. Ceux qui l’ont compris vivent longtemps et en bonne santé.

 

Quels sont vos rêves d’avenir proche et lointain ?

 

Mon plus grand rêve, c’est que tous les jeunes Béninois aient un emploi décent qui leur permette de vivre en paix. L’autre rêve, c’est de mettre un terme à la marginalisation économique dont les femmes sont victimes. La prospérité dont je parle commence par cela car je suis convaincu que c’est possible. Enfin, par-dessus tout, mon rêve majeur est l’unité nationale dans notre pays sans aucune forme de discrimination et de régionalisme. Là aussi c’est possible car l’expérience de certaines Nations doit nous servir.

 

Source: journal Matin Libre au Benin



16/10/2014
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